Le Gabon va se doter d’une agence d’investigation financière contre le blanchiment et le terrorisme
Réuni ce jeudi 18 décembre au Palais de la Présidence gabonaise, le Conseil des ministres a adopté un projet de décret portant attributions, composition, organisation et fonctionnement de l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF). Le communiqué officialise la création d’un instrument dédié à la lutte contre les crimes financiers, dans un contexte où Libreville affiche l’ambition de durcir sa riposte contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et leur prolifération à l’échelle sous-régionale.
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Selon le communiqué ayant sanctionné les travaux d’hier, l’ANIF est présentée comme une structure dotée d’une autonomie qui doit lui permettre d’agir avec plus d’efficacité. Elle est décrite comme « dotée de l’autonomie financière et d’un pouvoir de décision autonome sur les matières relevant de sa compétence ». Sa mission est explicitement définie : « traiter et transmettre des informations en vue de la lutte contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive ».
Une agence consacrée à l’investigation financière
Par cette architecture, l’exécutif cherche à doter l’État d’un outil de détection, d’analyse et de signalement, appelé à structurer le renseignement financier et à renforcer la chaîne de lutte contre les flux illicites. Le texte soumis au Conseil des ministres par le ministre de l’Economie et vice-président du gouvernement par intérim, Henri Claude Oyima, s’inscrit dans l’alignement normatif de la sous-région. Le communiqué précise que le décret est pris « en application des dispositions de l’article 87 du Règlement n° 02/24/CEMAC/UMAC/CM du 20 décembre 2024 portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme et de la prolifération en Afrique Centrale ».
Une vue du conseil des ministres d’hier
Autrement dit, la réforme vise aussi à positionner le Gabon en conformité avec les standards communautaires de prévention et de répression, à un moment où la crédibilité des dispositifs de contrôle constitue un enjeu économique, bancaire et diplomatique. Le communiqué donne des indications sur le noyau de composition de l’ANIF, qui repose sur des profils jugés stratégiques pour l’enquête financière. Sont notamment mentionnés : « un haut fonctionnaire détaché par le Ministère en charge des Finances », « un Magistrat spécialisé dans les questions financières » et « un haut fonctionnaire de l’Administration des Douanes spécialisé dans les enquêtes économiques et financières ».
Une composition resserrée, ancrée dans l’État
Cette configuration traduit une volonté d’articuler, au sein d’un même dispositif, l’expertise budgétaire et fiscale, la qualification judiciaire et la capacité d’investigation douanière, avec un objectif : accélérer le traitement des informations et leur transmission dans un cadre coordonné. Au plan organisationnel, l’ANIF est conçue comme une administration spécialisée, appelée à s’appuyer sur une structure interne permanente. Le communiqué indique qu’elle comprend « les services d’appui » et « les départements ». Sans détailler encore le périmètre précis de chaque entité, cette architecture suggère un schéma opérationnel combinant fonctions support (juridique, administration, systèmes d’information) et unités métiers dédiées aux analyses, typologies, investigations et transmissions.
En actant ce projet de décret, l’exécutif envoie un signal politique clair : la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme est élevée au rang de priorité de souveraineté financière. Le communiqué ancre d’ailleurs la création de l’ANIF dans le triptyque explicitement visé par le texte : « blanchiment des capitaux », « financement du terrorisme » et « prolifération ». La cible est large : elle touche à la fois les circuits de criminalité économique, les risques sécuritaires et les mécanismes de contournement pouvant fragiliser l’État et le système financier.
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